L’accompagnement clinique des personnes vivant des situations d’exclusion liées à la grande précarité et à la migration nécessite une approche transversale et créative, qui prend en compte les aspects sociaux, économiques, culturels mais aussi subjectifs. C’est sur la base de cette difficulté que nous avons cherché à créer un espace d’échange entre praticiens, qui a été récemment accueilli par la Maison des Sciences de l’Homme – Paris Nord (MSH PN).
Cette réflexion se base sur le fait clinique : la rencontre, souvent dans la rue, avec des personnes qui ont vécu le traumatisme de la guerre, du parcours migratoire, de l’invisibilité de la vie dans la rue ; également la difficulté d’organiser une certaine régularité et un rythme dans les rencontres avec ces personnes qui supportent mal l’idée d’un rendez-vous à une heure précise dans un espace fermé. Ces réflexions cliniques nous ont amené à nous intéresser à certaines notions développées par Fernand Deligny à partir de son projet de création d’un médium à partir d’un espace de vie, mais aussi à l’idée d’une ligne d’erre qui pourrait devenir accessible grâce à un travail cartographique autour du geste chorégraphique et du » film à faire « . C’est dans ce contexte qu’un certain nombre d’artistes (poètes, danseurs, musiciens, plasticiens, cinéastes, etc.) ont rejoint notre collectif de praticiens au cours de la dernière année, afin de questionner et d’ouvrir de manière créative cette clinique particulière.
Après avoir interrogé durant l’année 2022 la fonction de la caméra dans les souffrances archaïques, hors langage, avec les dépositaires de l’œuvre de Deligny et le réseau Cévennes (Sandra Alvarez de Toledo, éditrice de l’œuvre de Deligny, ainsi que Marlon Miguel et Marina Vidal-Naquet, responsables de l’archive à l’Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine), nous consacrons cette année à une réflexion sur les résonances musicales et l’organisation chorégraphique du geste avec Catherine Perret (Laboratoire Arts des Images Art Contemporain, Université Paris 8) et Isabelle Ginot (Département de Danse, Université Paris 8).
Ce travail sur les processus archaïques ne se limite pas aujourd’hui à la clinique de l’exclusion mais il a permis d’ouvrir aussi vers une réflexion sur la clinique de l’autisme et sur les émotions esthétiques partagées entre l’adulte et le nourrisson, notamment autour des arts de la scène et du spectacle.
Programme provisoire :