Samedi 8 juin 2019
Esplanade Pierre Vidal-Naquet, Halle aux Farines, salle 279F (2ème étage), Paris 13e
Lorsqu’il a paru en 1999, The Sentimental Education of the Novel de Margaret Cohen a permis de réécrire l’histoire du roman français dans la première moitié du XIXe siècle selon un double prisme : reconsidérer la part énorme des romans écrits par des femmes a d’une part rendu problématique la place écrasante accordée au réalisme dans l’histoire littéraire, redevenu un choix esthétique (et stratégique) parmi d’autres ; rendre de nouveau lisibles ces « romans sentimentaux sociaux » a d’autre part contribué à dévoiler la spécificité esthétique et politique de ces romans, qui interrogent la contradiction, plus particulièrement ouverte depuis la promesse de Liberté et d’Égalité non tenue par la Révolution, entre le libre-arbitre individuel et la nécessité de se plier au bien-être de tous, d’adhérer au contrat social, contradiction plus cruellement éprouvée par les femmes, exclues de toute instance politique. Cette contradiction qui inaugure le XIXe siècle se lit également dans ce mot compliqué qu’est le « consentement » : la création du divorce « par consentement mutuel » par la Révolution accorde ainsi une forme d’égalité politique, qui lie la question du consentement à celle du mariage et de l’amour, quand bien même c’est sous la figure de la dissolution de ce lien. Le consentement est sans doute une des modalités, retorse et contradictoire, qui vient marquer, au début du XIXe siècle et pour longtemps encore, la façon dont se disent et se bâtissent l’émancipation des femmes et l’égalité entre les sexes. Le mot de consentement, avec toutes les difficultés et tous les problèmes dont Geneviève Fraisse a bien montré combien il les posait, pourrait-il alors devenir une clé de voûte de la représentation des conflits et des contradictions où sont pris les personnages masculins et féminins des romans de la première moitié du XIXe siècle ? Jusqu’où le roman permet-il de contribuer à nourrir, élaborer, discuter ou peut-être même rejeter l’idée de « consentement » ? En quoi les personnages viennent-ils en souligner la dimension « genrée », et peut-être faire apparaître l’impossible symétrie entre les sexes ? C’est ce que cette demi-journée voudrait commencer d’interroger, à l’occasion de la venue en France de Margaret Cohen et de la parution à venir de la traduction de L’Éducation sentimentale du roman. Un dialogue entre Margaret Cohen et Geneviève Fraisse conclura cette rencontre.
Programme
9h30 Accueil 9h45 Ouverture et présentation de la rencontre (par Marie Baudry)
10h00 Greta LANSEN (Paris Sorbonne/Université de Bonn) : « La ‘‘Servitude volontaire’’ et ‘‘la victime consentante’’ dans le roman sentimental (Adèle de Sénange (1794) d’A. de Souza et Elisa, oder das Weib wie es seyn sollte (1795) de W. K. von Wobeser ». 10h30 Marie BAUDRY (Université de Lorraine) : « Stendhal/Balzac et l’inversion du consentement » 11h00 Margaret COHEN (Université de Stanford) : « Consentir dans Indiana de George Sand »
11h30 Pause
11h45 Discussion/Table Ronde, présidée par Geneviève FRAISSE.
13h30 Clôture de la rencontre.
Responsable : Marie BAUDRY, marie.baudry@univ-lorraine.fr